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— En avant donc, misérables, en avant ! gronda le commandant du Fire-Fly en menaçant nos hommes de son revolver qu’il tenait de la main gauche, et nous, feu sur les bandits !

Quatre ou cinq balles s’échappèrent de nos armes et allèrent porter la mort chez les pirates, qui soudain poussèrent un cri de fureur, en nous envoyant une grêle de flèches dont plusieurs blessèrent nos rameurs. Leur embarcation venait de s’arrêter brusquement en se penchant sur le côté, pendant que la nôtre, après une secousse dont nous ne nous étions pas rendu compte, continuait sa course en suivant le courant. Elle avait rencontré un barrage que notre yole, grâce à son moindre tirant d’eau, avait franchi. Plus d’un quart-d’heure était nécessaire aux pirates pour la dégager.

— Aux avirons, mon ami, aux avirons ! me dit Canon, en saisissant, malgré ses souffrances, celui d’un de nos hommes blessés, ou nous sommes perdus. Ils ne doivent pas être seuls.

Nos matelots, en voyant l’échouage de l’embarcation des pirates, avaient repris un peu courage ; vingt coups d’avirons nous menèrent jusque par le travers de la pointe Dundas sans que nous fussions suivis. Si nous pouvions atteindre le passage Elliot, entre l’île des Français et l’île Honan, nous avions quelques chances d’échapper aux assassins, qui peut-être, en admettant qu’ils pussent remettre leur pirogue à flot, n’oseraient nous poursuivre aussi près du mouillage de Whampoa.