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s’abordèrent par l’avant avec une secousse terrible. M. Lauters poussa aussitôt un grand cri en se renversant en arrière.

Au moment où il allait saisir la lettre, un coup de lance l’avait frappé en pleine poitrine, et, tout à coup, dix hommes s’étaient dressés du fond de l’embarcation chinoise, où ils étaient restés couchés jusqu’alors, cachés par la hauteur des lisses.

Nous étions en face de vingt membres du Lys d’eau armés de flèches et de lances, et au milieu du passage étroit et désert qui sépare l’île Narrow de celle d’Haddington, c’est-à-dire sans espoir d’aucun secours.

— Oh ! mon rêve, mon rêve ! s’écria Canon en poussant un rugissement de colère, et en faisant feu de sa carabine sur la masse des pirates.

Le choc de la pirogue avait fait reprendre à notre yole la direction du courant. L’assassin de M. Lauters, en voulant sauter à bord était tombé dans le fleuve. Je m’aperçus à temps qu’il s’accrochait à notre gouvernail afin de le démonter. J’en saisis la barre, et, d’un vigoureux coup de sa poignée de cuivre sur la tête du misérable, je lui fis lâcher prise.

L’avant de la pirogue touchait notre arrière, sir John venait d’être blessé au bras d’une flèche acérée. Madame Lauters s’était élancée sur l’avant en poussant des cris de désespoir, et elle cherchait à étancher le sang qui s’échappait à longs flots de la poitrine de son mari.