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suite. Cela nous sembla si naturel que nous mîmes en travers et fîmes scier nos nageurs, pour permettre de nous rejoindre à la longue embarcation qui, à mesure quelle s’approchait, me sembla mieux faite qu’aucune autre de celles que j’avais vues jusqu’alors.

Entraînés par le courant, nous venions de doubler la pointe Tufnell, lorsque le bateau chinois, d’un vigoureux coup d’aviron, entra dans nos eaux.

M. Lauters, afin d’éviter un abordage inutile, s’était élancé sur l’avant de la yole. Il se disposait à prendre au vol la lettre du Chinois, lorsque son embarcation, poussée par les avirons, dépasserait la nôtre que le courant seul entraînait.

La pirogue chinoise descendait rapidement dans une direction à doubler l’avant de notre yole à la portée de la main, j’avais fait rentrer les avirons de bâbord pour qu’elle ne les brisât pas en passant, lorsque, brusquement, le pilote qui la dirigeait mit toute sa barre à bâbord, imprimant ainsi à son bateau un mouvement violent sur tribord qui le jetait sur nous. En maudissant sa maladresse, je m’élançai sur le gouvernail que je poussai rapidement à bâbord, pour lancer la yole dans une ligne parallèle à celle de l’embarcation chinoise et éviter l’abordage, pendant que M. Lauters étendait la main pour saisir la lettre que l’homme, toujours debout à l’avant de la pirogue, allait pouvoir lui donner.

La yole commençait son abattée lorsque, malgré la rapidité de ma manœuvre, les deux embarcations