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l’opium de cette nuit vous brouille un peu la cervelle. Contentons-nous décidément d’en apporter à ces braves gens qui en font un si bon usage, mais, nous, n’en fumons pas. J’ai moi-même la tête d’une pesanteur inouïe. Si j’y mettais quelque bonne volonté, je me laisserais, comme vous, aller à des rêves. Tenez, madame Lauters dort, allumons un cigare ; l’air se parfume de la brise de terre, le rivage est charmant de poésie, notre yole, dans deux ou trois heures, nous mettra à bord, c’est, il me semble, bien peu le moment de nous laisser aller à de sombres pensées que rien ne justifie.

Sir John avait cela de bon que ses tristesses disparaissaient promptement, ou par suite de son caractère naturellement léger, insouciant et gai, ou peut-être aussi grâce à son admirable empire sur lui-même. Au bout d’un instant, nous parlions de mille autres choses, en admirant le sublime aspect que présente le fleuve par le travers de l’île Seapoys dont nous suivions la rive sud.

Laissant sa femme sous la tente ou elle reposait toujours, M. Lauters s’était assis auprès de nous, et, quoique familiarisé depuis longtemps avec toute cette belle nature, il admirait comme nous.

Nous avions abandonné la rive gauche afin de passer au large des habitations qui couvrent le rivage sud de l’île Honan, depuis la pointe de Young jusqu’à celle de Mac-Grégor, et nous étions à peu près par le travers du chenal d’Adams qui sépare les îles Barrows et Haddington, lorsque nous aper-