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MM. Lauters, notre yole ne pouvant contenir plus de quatre passagers.

Nous prîmes à peine quelques heures de repos. Avant le lever du soleil, nous éveillâmes madame Lauters pour quitter au plus tôt Canton, où pendant toute ma promenade je n’avais pas aperçu un monument qui méritât une description, et dont le séjour devenait vraiment dangereux.

Heureusement, nous n’eûmes à traverser, pour gagner notre embarcation, que des quartiers déserts, car la pauvre femme, quoiqu’elle eût revêtu des habillements d’homme, trahissait à chaque instant son sexe par des mouvements de frayeur.

En arrivant sur le quai de la douane, nous eûmes tous un moment de terreur véritable : un bateau mandarin y était amarré ; il nous fallait, pour descendre dans l’embarcation, passer devant son équipage occupé à embarquer des poudres.

Si un des officiers chinois, reconnaissait une femme dans notre compagnon, nous étions perdus.

Je pris, sous le mien, son bras tremblant, et, son mari et sir Canon nous flanquant sur les deux ailes, nous pûmes, grâce au demi-jour qui luisait à peine, échapper à l’inspection dangereuse qui nous menaçait, et nous embarquer enfin dans la yole, que dix coups d’aviron lancèrent bien vite au milieu du fleuve.

Nous couchâmes sous la tente madame Lauters presque évanouie, puis, chacun de nous doublant les avirons de nos hommes, nous dirigeâmes l’embarcation vers la pointe de l’île de Gough, en ayant