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représenter des forts en terre et en briques. Elles n’avaient pas été élevées dans d’autre but que d’habituer les braves à la vue des obstacles qu’ils pourraient avoir à renverser.

Soudain, l’espace occupé par les guerriers s’éclaira subitement et présenta le plus singulier coup-d’œil ; chacun des hommes des premiers rangs avait allumé une petite lanterne qu’il tenait suspendue à l’extrémité du canon de son arquebuse. Vous comprenez tout ce qu’avaient de comique ces soldats ainsi éclairés. Des officiers, reconnaissables à leur anneau de jade au pouce de la main droite, parcouraient les rangs en payant la solde de campagne, car un militaire chinois n’est tenu de se battre que lorsqu’il a reçu cette solde d’à-compte, qui est ordinairement de vingt-cinq francs de notre monnaie. D’autres personnages, qui me parurent des bonzes, distribuaient, en les faisant payer, de petits morceaux de papier.

Fo-hop s’en procura un : c’était tout simplement un chiffon de lettre anglaise. Les Chinois accordent, à ce qu’il paraît, à l’écriture anglaise toute la puissance d’un talisman contre les armes à feu. Il s’en faisait une vente si considérable sous nos yeux que c’était à nous donner l’envie d’user séance tenante de cette assez grotesque source de revenus.

Munis de leurs petits morceaux de papier, leur solde dans leur poche, les braves s’en vont alors bravement à la guerre ; mais l’ordre ne règne pas longtemps dans les rangs.