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locomotion, puisse faire naître un véritable désir. Allez donc dire : « Je vous aime », ce mot charmant dans toutes les langues, même en chinois, à une pauvre femme qui s’appuie sur votre bras parce que ses pieds ne peuvent pas la soutenir, et qui, à chaque instant, au lieu d’un soupir d’amour, pousse un gémissement de douleur.

Voici ce que m’apprit Fo-hop à ce sujet.

Lorsque les réformateurs politiques et religieux firent invasion dans le Céleste-Empire, les femmes, comme dans les autres contrées de l’Orient, y étaient soigneusement renfermées. Ils prêchèrent la liberté du sexe faible : les maris furent obligés de se soumettre. Mais, comme cela ne faisait pas les affaires de leur jalousie, ils imaginèrent alors, pour restreindre de beaucoup la liberté que les réformes accordaient à leurs femmes, ce moyen barbare, qui a pour résultat de ne leur permettre de sortir de chez elles qu’accompagnées de suivantes, moins malheureuses que leurs maîtresses, sur lesquelles elles s’appuient et sans le secours desquelles elles ne pourraient faire un pas.

Je souhaite sincèrement aux Chinoises une seconde réforme. Elle ne saurait avoir de plus tristes conséquences que la première.

Comme la conversation languissait singulièrement entre nous et la femme de notre ami, nous nous décidâmes à la débarrasser promptement de notre présence. La nuit était venue, du reste, pendant notre halte dans la maison de Fo-hop, et il nous res-