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mies, s’étendent avec d’autant plus de rapidité que l’homme les combat moins. Les populations, en fuyant et en laissant le sol sans culture, le livrent aux influences les plus délétères. Si cela continue encore un demi-siècle seulement, il n’y aura plus dix plantations importantes dans l’île. Jadis, des digues retenaient les eaux des montagnes dans les vallées et ces réservoirs rendaient la culture facile ; mais ces digues ont été rompues, et, aujourd’hui, Ceylan, qui autrefois fournissait à tout le sud de l’Inde le riz nécessaire, est obligé d’en faire venir, pour sa propre consommation, des provinces les plus éloignées. Nos étangs étaient giboyeux et remplis de poissons ; aujourd’hui, les pélicans y trouvent à peine de quoi vivre, et le crocodile dort tranquillement sur leurs rives en compagnie du buffle, qui parcourt maintenant en liberté les terres qu’il labourait autrefois.

Les naturels, du reste, sont plus paresseux que vous ne sauriez le croire, et c’est à cette paresse que nous devons en partie nos calamités. Lorsqu’ils veulent ensemencer une étendue de terrain, ils font un choix sur la lisière de la forêt, puis ils mettent le feu aux arbres, aux lianes. Ils ont ainsi, sans travail, pour toute la saison, une terre qui produit rapidement, et qui rend au centuple ce qui lui a été confié. Mais ils ont soin, après la récolte, d’abandonner cette culture pour aller user du même moyen quelques milles plus loin, et lorsque les pluies ont passé sur le