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Sir John m’apprit, pendant le dîner, que King-Ko était un mandarin chargé spécialement de délivrer les permis de passage aux navires marchands et de faire poursuivre les contrebandiers d’opium, et que c’était pour cela même qu’il m’avait envoyé lui porter la liste de notre nombre de caisses.

Moyennant un prix fixé entre lui et le mandarin, le Fire-Fly pouvait tranquillement remonter le Si-Kiang jusqu’à Whampoa, comme s’il avait été sur lest.

Ce qui se passait, à cette époque en Chine, à propos de l’opium, était absolument copié sur ce qui a lieu depuis si longtemps sur certaines frontières d’Italie, où on ne laisse visiter ses malles qu’autant qu’elles ne renferment rien de soumis aux droits, et où, dans le cas contraire, on donne au chef du poste un léger cadeau pour qu’il ne les fasse pas ouvrir.

Je compris parfaitement alors l’aimable réception du kouan infidèle, et son cadeau en échange du bon profit dont j’étais venu lui apporter la nouvelle.

Pendant que nous étions à table, le Fire-Fly franchit la distance qui sépare la maison de la douane de l’île des Danois.

Morton vint prévenir Canon que nous faisions route vers le mouillage.

Nous montâmes sur la dunette.

Notre bâtiment doublait le cap Matheson de l’île des Danois ; par-dessus la pointe Alceste, nous pouvions déjà apercevoir la mâture des bâtiments en rade.