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fameux passage de Bocca Tigris entre les îles Tycocktow et Chuenpee.

Le coup-d’œil que présente le fleuve à cet endroit est admirable. C’est bien là, avec d’autres artilleurs que les Chinois et une autre artillerie que l’artillerie chinoise, la position la plus formidable qui se puisse rencontrer.

Comme pour augmenter encore les facilités de la défense, les bancs de sable vous forcent à longer le rivage sur un bord ou sur l’autre.

De la pointe Chuenpee à la rade de Canton, il y a bien douze ou quinze cents pièces de canon sur les rives du fleuve des Perles, mais les forts où sont ces canons sont de si singulières constructions et les batteries sont si sottement disposées, que toute cette formidable artillerie lance des boulets de pierre et de marbre, d’une rive à l’autre, sans défendre le moins du monde le passage.

En doublant la pointe Keshen, j’aperçus de nombreuses trouées dans les murailles du fort d’Anunghoy. Il est probable qu’elles sont dues à la générosité et à la maladresse des artilleurs de la batterie ouest de Tycocktow qui, en voulant faire sombrer quelque contrebandier d’opium, n’ont réussi à rien de mieux qu’à bombarder leurs vis-à-vis.

Imaginez-vous des embrasures fermées par des portes en fer qui s’ouvrent à l’explosion des pièces pour permettre aux servants de charger, et qu’on a bien soin de refermer immédiatement. Quant au