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— L’amiral Dupont, me dit mon gros ami en me présentant l’inconnu.

Je saluai respectueusement de la casquette, ne sachant trop quelle contenance prendre et me demandant quelle plaisanterie me faisait là mon commandant.

Il se tourna vers son hôte.

— Mon lieutenant, cher amiral, lui dit-il en me présentant à mon tour, en énumérant mes noms, prénoms et qualités, mais mon ami surtout.

— Alors ! le mien aussi, s’il le veut bien, reprit le singulier personnage en me tendant la main et en s’exprimant dans un français dont l’accent accusait les bords de la Garonne.

Je serrai la main qu’il m’offrait si gracieusement, mais mes regards disaient parfaitement qu’un petit supplément d’explication m’était indispensable. Ce langage, ce costume, cette physionomie bronzée, ces traits qui dénotaient un caractère d’une rare énergie, ce titre d’amiral, cette pirogue siamoise, ce pavillon français, ce petit éléphant, tout cela me semblait un assemblage par trop fantaisiste.

— L’amiral vous contera son histoire à table, mon cher ami, répondit Canon à l’interrogation muette de mon regard. Car j’espère bien que vous êtes venu me demander à déjeuner ? ajouta-t-il en se tournant vers lui.

— Sans aucun doute, à condition que vous et votre lieutenant viendrez ce soir dîner à mon bord, répondit gracieusement le Franco-Siamois.