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mes et posez les factionnaires, dit sir John lorsque le dernier proa eut disparu ; puis venez nous rejoindre, tout cela n’est pas une raison pour laisser perdre notre tasse de thé.

Dix minutes après la débâcle des pirates, tout le monde dormait à bord du contrebandier d’un sommeil aussi calme que s’il n’avait jamais été troublé.

Avant de rentrer chez lui, Canon me serra la main en me disant :

— Eh bien ! croyez-vous maintenant aux pressentiments ? J’étais convaincu que nous serions attaqués cette nuit.

Je ne répondis rien et j’allai me coucher, ravi que tout se fût aussi bien passé : pas un de nous n’avait reçu une égratignure.

Au lever du soleil, une jolie brise nous permit de quitter la baie Amphitrite.

Le lendemain soir nous vînmes rapidement sur tribord pour gagner le mouillage de Singapour, notre dernière station en Malaisie.

Singapour, vous le savez, chers lecteurs, est bâti sur le rivage sud d’une petite île qui s’appuie à l’extrémité de la presqu’île de Malacca, et qui n’a guère que 25 milles de longueur sur 10 de largeur. C’est sa position qui fait son extrême importance. Cette ville est l’entrepôt des produits de l’Inde, de la Chine et des Moluques. On n’y comptait pas moins de 5,000 arrivées et départs de navires avant l’ouverture des ports chinois. On comprend qu’en présence de ces