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de Siak étaient en pleine révolution et que les insurgés occupaient la capitale.

Je fus un instant assez effrayé de cette nouvelle, car rien ne me disait qu’il n’allait pas prendre à mon aventureux commandant la grotesque fantaisie de prêter main-forte au pouvoir. Je le craignais d’autant plus que, le calme plat étant venu avec les premiers rayons du soleil, le Fire-Fly était peut-être sous la pointe Dato pour plusieurs jours et que je savais son capitaine fort peu amoureux du farniente.

Je finis heureusement par le convaincre qu’il était beaucoup plus naturel de laisser Sa Majesté Siakoise se tirer d’affaire comme elle le pourrait, et que, du reste, ses sujets ne cherchaient peut-être tout simplement qu’à se débarrasser d’un tyran.

Il se rendit en riant à mes observations, mais, aussitôt après le déjeuner, sans nous inquiéter d’un soleil embrasé dont les rayons, quoique nous fussions alors dans la saison des pluies, nous tombaient verticalement sur la tête, nous fîmes armer la yole, et, laissant le Fire-Fly aux soins de Morton, nous nous dirigeâmes, le fusil sur l’épaule, vers l’embouchure de l’Indragiri.

Nous nous échouâmes sur le sable fin de la petite île Amphitrite dont nous nous mîmes à suivre le rivage, en tirant çà et là quelques oiseaux.

Nous venions d’atteindre la passe étroite qui sépare l’île de la terre et nous cherchions un endroit conve-