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Céleste-Empire fourmillent, dans tous les pays du monde, là où siègent les vices. Vous les retrouvez partout : à San-Francisco dans les maisons de jeu, à Sydney dans tous les bouges, ainsi qu’à Calcutta et à Singapore. Dans tous les grands centres, ils vont vivre de leurs honteuses industries, croupiers ou maîtres de mauvais lieux, spéculant sur les passions, calmes, froids et sceptiques, au milieu des cris de joie ou des désespoirs de leurs victimes.

À Mysteer ils étaient les Bénazet de l’endroit, ils étaient les fermiers des jeux, mais les tapis verts, la roulette et le trente-et-quarante étaient remplacés par de petites tables portatives de deux pieds carrés à peine, sur lesquelles s’entassaient parfois des monceaux de piastres.

Les Chinois sont, du reste, les plus habiles changeurs du monde. Ils prennent tout : lingots, doublons, couronnes, guinées, piastres à colonnes, piastres mexicaines, pièces d’or françaises, florins et pièces de cinq francs. Ces épaves de tous les naufrages se rencontrent bien étonnées dans des poches profondes, où elles n’entrent qu’après avoir été pesées en un clin-d’œil, et après avoir rendu un son bien franc et bien loyal. Chaque pièce d’or ou d’argent, de la paume de la main sèche et mince du banquier, où un séjour de deux secondes a suffi pour indiquer son poids à un milligramme près, passe sur le côté extérieur de l’extrémité de l’index. Un petit bruit métallique se fait entendre : c’est le pouce de la même