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mille oiseaux babillards aux éclatants plumages, et, des branches d’un banian tombant jusqu’au milieu du fleuve, s’élançaient parfois avec des cris perçants des écureuils de feu et des singes aux faces grimaçantes, pendant que, des racines du géant, se laissaient lourdement glisser sur la vase les caïmans réveillés par le bruit des avirons.

Vers le milieu du jour seulement nous laissâmes à gauche Serampour[1], sur les établissements duquel le pavillon anglais ne remplaçait que depuis fort peu de temps le pavillon danois, et le soleil se cachait déjà derrière les impénétrables forêts du Bahar lorsque j’aperçus la première maison de la colonie française, et l’emplacement où s’élevaient jadis ces forts construits par les ordres de Dupleix.

Nous abordâmes bientôt à un débarcadère qui me parut être un ancien escalier de pagode. Laissant James dans le bateau, je me mis en quête avec mon domestique d’une maison libre.

Hélas ! Chandernagor est de si peu d’étendue que j’eus bientôt parcouru ses rues sablées, qui ressemblent bien plus à des allées de jardin qu’à des rues.

Je découvris, au bout d’un quart d’heure, un appartement chez de braves Hindous à moitié Anglais, qui faisaient cette assez triste spéculation de louer des

  1. Le territoire danois fut vendu en 1845 aux Anglais, ainsi que Tranquebar, moyennant la somme de deux millions. Les Danois y étaient établis depuis 1676.