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canons. Je croyais donc vraiment, en attendant les grandes fêtes indiennes qui se célèbrent vers le mois de septembre, ne plus avoir beaucoup à visiter dans la capitale, et j’attendais avec assez d’impatience le moment du départ.

Un soir, que nous étions descendus à terre sans trop savoir ce que nous allions faire, sir John me proposa une assez lugubre excursion ; mais comme elle devait avoir pour résultat de me mettre sous les yeux une des scènes les plus saisissantes des mœurs hindoues, j’acceptai bien vite. Il s’agissait de pousser au-delà de la ville noire, pour aller fumer un cigare auprès des bûchers des morts.

Nous partîmes à pied, afin de profiter de ce seul moment de la journée où la promenade est possible, et, laissant derrière nous les riches hôtels du Chouringhy, nous nous engageâmes bravement dans les ruelles sales et tortueuses du Peltah. La nuit nous prit au milieu de cette longue rue qui court parallèlement au fleuve en le remontant pendant près de deux milles. Comme tout éclairage y est parfaitement inconnu, nous arrivâmes assez tard au but de notre course, après avoir risqué vingt fois de nous rompre le cou.

Nous avions devant nous, à gauche, un grand mur au-dessus duquel s’élevait, noire et épaisse, une fumée répandant dans l’atmosphère une odeur insupportable qui soulevait le cœur. En face, à une portée de fusil, se dressait la grande ombre de la pagode de