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les habitudes des deux pays s’y mêlent d’une curieuse façon. Je dois avouer que c’était bien souvent de ce côté que mon gros ami et commandant dirigeait ses aventureuses promenades du soir.

Sir John avait naturellement à Calcutta de nombreuses et sérieuses relations, mais, ainsi que moi, il aimait peu le monde, et nous ne faisions que les visites indispensables.

Nous passions presque toutes nos journées à bord. Lorsque la nuit était venue, nous descendions à terre, soit pour faire un tour de promenade au cours William, soit pour diriger nos pas vers le jardin botanique. Au bout d’un mois, j’étais parfaitement habitué aux cadavres que le fleuve entraînait, j’avais visité tous les monuments de la ville, c’est-à-dire vingt palais et autant de temples, catholiques, anglicans, presbytériens, indiens ou musulmans, — cela souvent pendant la plus grande chaleur du milieu du jour, à ce torride moment où, dit un proverbe indien, les Français et les chiens peuvent seuls être dans la rue ; — j’avais examiné fort en détail, grâce à un officier d’artillerie au service de la Compagnie, les ouvrages extérieurs et intérieurs du fort, magnifique polygone entouré d’un large fossé qu’on peut remplir d’eau à volonté, qui renferme des bâtiments à l’épreuve de la bombe où peuvent se loger dix mille hommes, dont les fortifications sont défendues par plus de six cents pièces à feu, et dans les murailles duquel se trouvent un arsenal et une fonderie de