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du Fire-Fly. J’avoue que sir John n’avait pas flatté son smuggler.

C’était une longue goélette de vingt-cinq mètres de long sur sept mètres de large, et c’était bien la plus coquette embarcation qui se pût voir. Lorsqu’elle était à la voile, on eût dit un albatros au plumage de neige se balançant sur les flots ; à ses deux mâts inclinés sur l’arrière, se hissaient des brigantines qui semblaient démesurées par rapport à la petitesse de sa coque ; au-dessus d’elles, s’établissaient, aux étais ou sur des vergues volantes, quantité de petites voiles qui devaient admirablement la pousser par les faibles brises des détroits. Son avant, finement taillé comme celui d’un steamer, supportait un beaupré dont le bout-dehors se recourbait légèrement en se garnissant de focs coupés en soleils. Les murailles extérieures étaient peintes en noir, de son doublage de cuivre à ses lisses brillantes comme de l’or. Toute sa mâture était si soigneusement galipotée qu’on eût dit qu’elle était d’acajou. Tribord et bâbord, sortaient par les sabords les bouches de deux caronades de douze d’un noir d’ébène, et, à l’avant, miroitait sur son pivot une longue pièce de cuivre, qui devait singulièrement éloigner les pirates malais et les bateaux mandarins. Pour compléter cet armement déjà fort recommandable, çà et là sur les plats-bords de l’arrière brillaient des petits pierriers de bronze du plus charmant aspect.

De la coupée de tribord à la mer, descendait un