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inclinés, sculptés en relief, ses groupes et ses statues bizarres, ses images hideuses et indécentes, et ses degrés que descendent les Hindous pour se rendre sur les bords du fleuve ou de la citerne sacrée.

À la villa d’un riche marchand s’appuie le sérail d’un radjah. Cette longue avenue d’arbres, qui part des palais de la ville blanche, ne s’arrête qu’au milieu des cases malheureuses de la ville noire, où l’on risque d’écraser, sous les pieds, des masses d’enfants, qui grouillent et jouent jusque dans l’eau des ruisseaux avec leurs gros ventres, leurs bracelets d’argent aux jambes, et qui s’enfuient effrayés devant l’étranger, auquel ils n’épargnent pas toujours les épithètes et la boue.

D’un côté, séparées seulement par une esplanade de quinze cents mètres à peu prés, l’Europe, blanche, coquette, mais un peu froide et gourmée avec ses grands hôtels entourés de splendides jardins, ses larges rues tirées au cordeau, ses promenades plantées d’arbres, ses maisons aux toits plats dans le genre espagnol, ses monuments d’architecture grecque, ses églises de style sévère, ses casernes peuplées de soldats, sa vie intelligente et paisible, enfin ; de l’autre, l’Asie, avec ses cases de bambous ombragées de palmiers, de cocotiers, de tamarins et de figuiers sacrés, ses huttes de bouc, ses demeures couvertes en tuiles rouges, et peintes de mille couleurs, ses nielles étroites et malsaines, ses mœurs