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s’est passé sur les rives du Panoor. C’est maintenant, entre les étrangleurs et vous, une vendetta à laquelle vous n’échapperez que s’ils perdent vos traces. Même ici, à Madras, je vous trouve si peu en sûreté que je vais hâter encore nos préparatifs de départ.

— Comment ! ici, chez nous, il pourrait se faire que nous fussions attaqués ?

— Mon cher ami, reprit Wilson, vous avez vu quelles ruses emploient ces assassins. Ils sont, quand cela est nécessaire, mendiants ou radjahs, pèlerins ou marchands ; vous pourriez fort bien un beau jour vous retrouver en face d’un thug dans la personne de votre domestique.

J’écoutais, fort peu rassuré par tous ces renseignements que me donnait le commandant du Raimbow.

— Ce qui vous est arrivé, continua-t-il, ne peut m’étonner, mais ce dont je suis surpris, c’est que vous ayez fait la route de Pondichéry à Madras sans avoir été assaillis de nouveau. Aucune portion du territoire n’est aussi infestée de bandits que les environs d’Arcot, malgré les expéditions qui partent d’ici chaque jour pour leur faire la chasse. Il y a, en ce moment, en prison au fort Saint-Georges, deux chefs qu’on ne pend pas parce qu’ils font sur leur secte les plus curieuses révélations. Feringha[1] a mis heu-

  1. Célèbre chef des étrangleurs, qui, en 1830, se décida, pour sauver sa vie, à faire des révélations, qui donnèrent lieu à la guerre acharnée que leur déclara alors lord William Bentick. En octobre 1835, quinze cents Thugs furent arrêtés : quatre cents d’entre eux furent pendus, mille envoyés à Penang, et cent admis comme espions et dénonciateurs.