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Le regard de sir John et le mien se rencontrèrent. Ses yeux étaient humides. La vue du Raimbow lui rappelait peut-être qu’il eût mieux fait de ne jamais le quitter, et les moindres détails de ces scènes sanglantes, dont nous avions été les acteurs pendant notre longue absence du bord, lui revenaient à la mémoire. Afin de chasser ces tristes pensées, je le pressai de retourner à bord, ce que nous aurions fait immédiatement si le capitaine Wilson n’eût pas habité l’hôtel où nous étions descendus. Il était momentanément en rade.

Une heure plus tard, nous lui serrions les mains et il nous apprenait qu’il commençait à être sérieusement inquiet de notre longue absence.

Il y avait près de six semaines que nous l’avions quitté.

Aussitôt, que cela me fut possible, je le pris à part, pour lui recommander de ne pas questionner sir John sur la façon dont nous avions parcouru la route de Tanjore à Madras. Quant au commandant du Fire-Fly, il fit, en vrai gentilhomme, tous ses efforts pour ne rien laisser voir des douloureux souvenirs qu’il ne pouvait aussi rapidement chasser de son esprit.

Après le repas du soir, qui se prolongea fort tard, nous laissâmes notre ami se rendre, selon son habitude, sur le cours, délicieuse promenade qui s’étend sur la grève le long de l’esplanade et de la mer, et nous prîmes, nous, possession complète alors de