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Aux premières lueurs du jour qui commençait à paraître, je distinguai les figures inquiètes de quelques bahîs qui cherchaient à voir sans être aperçus. Je les appelai.

Après un premier mouvement d’effroi, ils se décidèrent à se rapprocher de nous. Faisant taire alors en face des Hindous la colère et les tourments de son cœur, par un suprême effort de volonté, sir John arrêta ses sanglots pour leur donner ses ordres.

J’entendais le mot na-murd[1] sortir à chaque instant de ses lèvres ; les bahîs courbaient la tête en l’écoutant.

Au bout d’un instant, tous nos porteurs, qui ne s’étaient éloignés que jusque sur l’autre rive du Panoor, étaient autour de nous, prêts à nous obéir, nous prenant pour des êtres surnaturels, puisque nous avions échappé aux thugs, et nous faisant des protestations de dévouement.

Je voulus empêcher mon ami de rentrer dans la tente, mais il refusa de me laisser à moi seul les tristes préparatifs du départ. Avec un courage inouï, une force d’âme inébranlable, sans une larme, sans un soupir, il voulut, au contraire, tout diriger.

Pendant qu’au pied d’un amandier deux hommes creusaient une fosse profonde où nous descendîmes le pauvre Roumi, les bahîs raccommodaient les palanquins. Celui de la bayadère fut soigneusement fermé à clé.

  1. Lâche, misérable !