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Ses mains longues et nerveuses tenaient un foulard de soie qu’il présentait au vieux thug.

Je compris que l’Hindou demandait au burka la faveur de devenir son disciple, son cheyla, et de s’essayer sur l’un de nous.

Je sentis un frisson autour de mon cou, comme si déjà s’en approchaient ces doigts amaigris qui s’étendaient crispés vers le maître.

Les occupations des autres thugs me disaient assez quelles étaient leurs fonctions dans la troupe. Les uns creusaient une fosse profonde sous les racines mêmes d’un gigantesque banian ; les autres, les schumsecas ou porteurs, attendaient les ordres du burka.

Le silence le plus profond régnait entre le cheyla et son futur gooroo ou précepteur. Le calme de la forêt n’était troublé que par le bruit du hideux travail des fossoyeurs, par le murmure des eaux du fleuve et par le hennissement des chevaux dans le lointain.

Le vieux thug, qui depuis quelques instants tenait les yeux levés vers le ciel comme pour en attendre le signal du bon plaisir de la déesse, les baissa tout à coup vers l’Hindou agenouillé devant lui, et, prenant de ses mains le foulard qu’il lui tendait, y enferma dans un des coins une pièce d’argent, en y faisant le goor-knat, le nœud sacré. Puis, se tournant du côté de notre camp, il le lui remit en disant :