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Cette différence dans la nourriture, chez ces hommes de même race, était trop extraordinaire pour que je ne m’empressasse pas d’en demander la cause.

J’appris que les premiers appartenaient à la caste des rhodi et suivaient le Bouddhisme, tandis que les seconds étaient des gottorous, parias hors de caste. Ces parias gagnent au moins à cet ostracisme de pouvoir manger des viandes ; aussi sont-ils plus robustes que leurs sobres compagnons, auxquels Bouddah défend de manger rien de ce qui a vécu. Ils sont en outre les meilleurs matelots de tout le littoral de l’Inde.

D’autres groupes formés sur l’avant du guindeau, le long des dromes, tribord et bâbord, se composaient de Malabars du cap Cormorin, de Calicut et de Mahé, à la langue douce et harmonieuse comme la langue italienne ; de Telingas et de Tamouls Brahmanistes de la côte de Coromandel ; de Guèbres, de Bombay, sectateurs de Zoroastre, et même de Juifs noirs de la côte ouest et de Malais fétichistes et idolâtres.

Cet équipage hétérogène du Raimbow, qui comptait quatre-vingts hommes, à peu près, de mœurs, de langues et de religion si différentes, n’était pas facile à diriger. Tous ces Indiens ne sont jamais parfaitement d’accord que dans la haine qu’à l’unanimité ils ont pour leurs maîtres, les Anglais, qui, à cause même de leur petit nombre à bord de