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J’essayai pendant quelques instants de m’endormir, mais, j’eus beau faire et me tenir tous les raisonnements, je ne pus chasser les craintes vagues qui s’étaient emparées de moi. Si je fermais les paupières, je revoyais ces yeux brillants et cette main osseuse qu’il m’avait semblé apercevoir entre les rideaux de Goolab-Soohbee ; si je les ouvrais, au contraire, mes regards voulaient trouver à tout ce qui m’entourait des formes étranges. Ce silence si complet qui m’environnait en ce moment m’effrayait, j’aurais voulu du bruit, du mouvement. Avec ma croyance aux pressentiments, croyance qui ne m’a jamais quitté, quelque chose que je ne pouvais définir me disait qu’un danger nous menaçait.

Tout à coup le souvenir du Malabar de Tanjore me revint à l’esprit. Ce fut comme un éclair dans les ténèbres épaisses.

Au risque d’être la risée de mes amis, je m’assis sur mon palkee et j’allais mettre pied à terre quand j’aperçus, se glissant entre nos chiens qui, à mon étonnement, n’aboyèrent pas, un Indien rampant de mon côté. J’avais saisi une arme et ma bouche s’ouvrait pour pousser un cri d’alarme, lorsque je reconnus la voix de Roumi qui s’approchait toujours de moi et qui me disait tout bas :

Chop ! Sahib, neend lug. (Pas un mot, maître, fais semblant de dormir.)

Comprenant qu’il y avait dans ces quelques mots du fidèle serviteur un avertissement sérieux, j’obéis