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sud-est, qui devaient le conduire jusqu’au golfe du Bengale.

En arrivant à bord du Raimbow, j’avais eu à peine le temps de jeter un coup-d’œil sur son équipage. Mes premiers instants avaient été pris naturellement par mon installation. Aussi, lorsque je montai sur le pont, au moment du repas du soir, ne fus-je pas peu surpris du spectacle qu’il présentait.

Ainsi que tous les navires anglais qui font, dans la mer de l’Inde, ce qu’on peut appeler le grand cabotage, le Raimbow avait un équipage lascar, c’est-à-dire composé d’hommes pris çà et là sur les côtes des immenses possessions de la Compagnie.

C’est la plus curieuse chose que la réunion sur le même bâtiment de ces Indiens de langues, de religions, de races et de castes différentes.

Les manœuvres terminées, les matelots se groupent suivant leurs lois religieuses, et chaque coin du navire, chaque poste à canon, semble alors représenter une province de la presqu’île indoustane, avec ses mœurs et ses coutumes particulières.

Je pris sir John par le bras et me mis à parcourir le Raimbow de l’avant à l’arrière.

Au pied du grand mât, cinq ou six Chingulais, reconnaissables à leur petite taille, à leurs longs cheveux, à leur air vif et agile, prenaient leur repas de riz et de légumes ; à quelque distance d’eux, une demi-douzaine de matelots du même pays mangeaient au contraire du lard et du bœuf salé.