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les tentures du palkee de la bayadère tombaient de mon côté pendant qu’il se rapprochait du palanquin de Canon ; mais comme, après tout, ils pouvaient bien avoir à se dire mille choses qui ne me regardaient pas, je faisais semblant de ne pas m’en apercevoir. Nous fîmes ainsi le plus gaiement du monde une demi-douzaine de lieues, en parcourant les plus ravissants pays.

Des deux côtés de la chaussée s’étendaient des prairies et des rizières ; les cours d’eau qui arrosent la contrée donnaient à ces premières heures du jour une délicieuse fraîcheur ; des bouquets de dattiers, et des figuiers détruisaient la monotonie de la perspective. À chaque instant nous croisions sur la route, ici des pèlerins se rendant à Seringham, là des caravanes de riches marchands montés sur des éléphants, et se dirigeant comme nous vers le nord.

Lorsque le soleil était déjà bien haut sur l’horizon et dardait sur nos pauvres bahîs ses rayons embrasés, nous rencontrâmes fort à propos, à quelques milles d’Arriéhir, un choultree déjà occupé en partie, mais pouvant encore cependant nous recevoir.

Ces constructions, trop rares sur les routes de l’Inde, sont tout simplement les caravansérails arabes ; seulement ils ne sont ni aussi spacieux, ni aussi commodes dans le sud de la presqu’île que dans le nord. Ils n’offrent vraiment le plus souvent qu’un abri, où pourrait mourir de faim le voyageur qui n’aurait pas avec lui ses provisions.