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travailler, lire et écrire dans son palanquin, comme si l’on était chez soi. L’on peut faire comme cela deux ou trois cents milles sans fatigue et très-rapidement.

Les bahîs qu’on nomme en indoustani, les kuhar, ou plus communément encore les beras, du mot anglais bearers (porteurs), sont vraiment infatigables. L’attelage, — je ne vois pas d’autre nom pour désigner la chose, — l’attelage de chaque palkee se compose de douze hommes qui, tour à tour, portent le palanquin sur leurs épaules, ou qui courent à côté de lui. Un treizième personnage fait partie de la même troupe, c’est le massalchi ou porteur de torche qui, dans le cas de maladie d’un des bahîs, est là aussi comme cheval de renfort.

Lorsque le moment du départ est arrivé, les porteurs de service se relèvent jusqu’à la taille, en la faisant passer entre les jambes, la grande pièce de mousseline qui est tout leur costume, et qui ainsi leur fait un pantalon court qui ne peut les gêner ; ils serrent leur ceinture afin que la respiration soit plus libre, et ils déposent leurs babouches dans les fils de fer du palanquin. Puis, le soulevant, trois à l’avant et trois à l’arrière, par les forts bambous qui y sont solidement attachés, ils le placent avec un léger mouvement de tangage sur leurs épaules. Celui des bahîs qui est en tête donne le signal par un son guttural et intraduisible, et la marche commence, lente d’abord, pour gagner bientôt la rapidité d’un petit trot de cheval. Une aspiration bruyante et