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monnaie dans la main décharnée du mendiant en le forçant à lever la tête vers moi. Au dernier sapek, j’étais fixé. Cet homme, qui demandait l’aumône en gémissant et qui semblait à moitié mort, n’était pas autre chose que l’Indien auquel le Malabar avait, dans la pagode, désigné sir John. C’était un espion qui nous surveillait, dont il fallait nous débarrasser à tout prix. S’il voyait arriver les palanquins, il courrait prévenir son maître. Tout alors serait perdu.

Sans quitter ma fenêtre et tout en surveillant l’Hindou, j’appelai Canon.

— Commandant, lui dis-je lorsqu’il fut près de moi, vous voyez cet homme là-bas qui se traîne en gémissant le long de la varende ?

— Oui, répondit-il, eh bien ?

— Eh bien ! il faut que votre domestique, que votre brave Roumi le suive, l’empoigne, le serre un peu à la gorge pour qu’il ne puisse pousser un cri, le serre plutôt plus que moins, et nous l’apporte ici autant que possible sans être vu.

— Que diable voulez-vous faire de ce malheureux paria qui ne peut faire deux pas de suite ?

— Rapportez-vous-en à moi et donnez immédiatement des ordres à Roumi. Ce malheureux paria est un oiseau de fort mauvais augure, qui va s’envoler tout à l’heure si nous ne mettons pas la main sur lui.

— Bah !