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gaillards dont vous m’avez débarrassé me tombèrent sur le dos. Quant à la scélérate, elle disparut comme l’éclair, en n’oubliant pas, toutefois, d’emporter une belle chaîne d’or, prix de son rendez-vous. Je ne regrette pas cette bagatelle, je suis seulement furieux d’avoir failli être assommé par ces misérables nègres qui me le payeront. Lorsque vous êtes arrivé, je venais d’en étendre un à terre d’un coup de canne, dont il ne se relèvera pas de longtemps ; cela ne me suffit pas. Que feriez-vous à ma place ?

— Parbleu ! répondis-je, je puis d’abord vous dire ce que j’aurais commencé par faire à votre place. — Je n’aurais pas été à ce rendez-vous, j’aurais eu moins grande confiance en Zana. Il est probable, il est vrai, que cette opinion tient à ce que j’en eusse été moins amoureux que vous ne paraissez l’être encore.

Son mouvement de dénégation ne m’arrêta pas, on n’est jamais plus amoureux d’une femme que lorsque l’on dit bien haut qu’on ne l’aime plus.

Je continuai donc :

— Mais ce qui est fait est fait ; dans la circonstance présente, le mieux, suivant moi, est de faire votre deuil et de la femme et des cadeaux que vous lui avez offerts. N’ébruitez pas l’affaire, les rieurs ne seraient pas de votre côté, et conservez votre amour pour quelque autre femme plus digne de vous.

— Mais, en France, comment faites-vous, me dit-il, lorsqu’une femme vous trompe ?