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ils tiraient cependant des sons qui ne manquaient pas d’une certaine harmonie.

L’un frappait les unes contre les autres de petites cymbales de métal, des kansias ; l’autre soufflait dans un touri, espèce de trompette en cuivre. Celui-ci serrait entre ses lèvres l’anche d’un sani, le hautbois du pays ; celui-là raclait une espèce de violon, un scharigi. Ce quatuor s’accordait assez bien avec deux autres instruments à cordes, un sitara et un dotara, desquels deux des bayadères se servaient fort habilement.

Pour animer la scène, les massalchi, ou porteurs de flambeaux, agitaient par moments leurs torches, dont les brusques et éclatantes lueurs donnaient aux groupes de bayadères des reflets bizarres, qui se jouaient avec les éclairs des broderies et des pierreries de leurs vêtements.

À notre entrée, la danse n’avait pas cessé ; Goolab-Soohbee en faisait tous les frais.

À chaque pas de la bayadère, les Européens prodiguaient les bravos et les applaudissements ; les Hindous, eux, ne disaient rien, ne laissaient échapper aucun signe d’approbation, mais leurs regards ravis ne quittaient pas la danseuse. Entre leurs houkas et les nachs, ils semblaient — plusieurs d’entre eux étaient musulmans — être arrivés à cette extase, suprême bonheur des élus dans le ciel du prophète.

Un des spectateurs indigènes surtout ne quittait