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gare, si toutefois ces gredins ne me les ont pas tous brisés, et causons comme de vieux amis ! Vous allez peut-être même me donner un bon conseil. Vous autres Français, lorsqu’il y a une femme en jeu, vous vous y connaissez mieux que nous.

Heureusement, les cigares, — de délicieux manilles, ma foi, — étaient parfaitement intacts. Nous en allumâmes chacun un, et, continuant notre route vers Saint-Denis, dont nous touchions déjà les premières maisons, le capitaine anglais me raconta sa petite histoire.

Il s’agissait en effet d’une femme, délicieuse créature, suivant lui, — comme si la femme que l’on aime ou que tout simplement on désire n’était pas toujours une délicieuse créature ! — dont il était éperdûment amoureux. Fille d’un petit blanc de Saint-Denis, Zana, après avoir parfaitement reçu les premiers compliments et les premiers cadeaux du capitaine, s’était tout à coup montrée farouche. Ce n’était qu’avec beaucoup de peine et de promesses que le galant Anglais l’avait retrouvée et en avait obtenu un rendez-vous.

— Lorsque Zana, me raconta-t-il, tout en fumant et en descendant vers le Barrachois, me fit dire d’aller la trouver dans le ravin, cela me parut un peu suspect ; mais le petit serpent m’avait si bien ensorcelé que je m’y rendis néanmoins, et, comme un niais, sans même prendre une arme avec moi. J’étais avec elle depuis dix minutes à peine, que les cinq ou six