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groupant au travers de la rue, ils nous barrèrent le passage.

La nuit étant venue, nous devions être assez loin de l’hôtel ; la rue, ou plutôt la ruelle, n’était qu’à peine éclairée par les lampes allumées dans l’intérieur des maisons ; dans les conditions où elle était faite, cette rencontre n’avait rien de bien rassurant.

Je crus donc d’abord à quelque désagréable aventure et je me rapprochai de sir John.

Les Indiens qui étaient en face de nous formaient l’attroupement le plus sale et le plus déguenillé qu’on pût voir. Les uns, à moitié nus et le milieu du corps seulement couvert par quelques lambeaux de pagne laissaient tomber sur leurs épaules de longs cheveux noirs en désordre ; les autres, accoutrés de tuniques boutonnées sur le côté comme des plastrons et de longs pœjama[1], portaient au contraire sur la tête, qui des turbans, qui de petites calottes jaunes ou bleues.

Nous remarquâmes que pas un d’entre eux n’était armé, et, continuant alors notre promenade, nous nous trouvâmes bientôt au milieu de la troupe.

Un des importants personnages de la bande avait placé à ses pieds une petite corbeille de rotins fermée par un couvercle qu’il enleva tout à coup, au moment où Canon faisait signe de la main qu’on eût à nous livrer passage.

  1. Pantalons turcs.