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nerait jamais cette pauvre femme dont les heures de prison ont été moins douloureuses que n’ont été pour moi les heures de liberté. Je comptais sans les haines de province, les dénonciations anonymes, la sottise, l’ardeur ambitieuse de ce juge d’instruction ! Je comptais aussi sans votre savoir… et sans Dieu !

Plemen n’avait plus, en prononçant ces derniers mots, l’accent tour à tour sceptique, exalté, ironique ou passionné, avec lequel il avait fait cet épouvantable récit. Sa voix était ferme et grave, sa physionomie était empreinte d’une résolution énergique, ses yeux fixaient avec franchise celui qui se demandait encore s’il avait devant lui un monstre ou une victime de la fatalité.

— Et maintenant, monsieur, termina l’ancien ami de Raymond, que justice soit faite ! Vous ne seriez pas venu, pendant cette suspension d’audience, que je me serais fait représenter devant la cour par cette lettre. Elle est adressée à M. de La Marnière. Veuillez vous en charger. Elle dit tout ce que les juges de Mme Deblain doivent connaître pour regretter de l’avoir soupçonnée un seul instant. Qu’elle me pardonne, ainsi que M. Félix Barthey ! Moi, je me suis condamné ! Avant même que vous soyez sorti de cette maison, je serai digne de votre pitié : j’aurai cessé de vivre.

D’une main, Plemen tendait à Maxwell un large