où se tenaient les audiences criminelles, étaient envahies depuis déjà près d’une heure par les privilégiés munis de cartes. Il n’en restait que deux de libres, celles où les témoins devaient prendre place après avoir déposé.
Quant aux sièges disposés en avant de ces banquettes, dans le prétoire, jusqu’à la barre, à toucher la tribune des jurés et le banc des avocats, et même sur l’estrade de la cour, laissant à peine aux magistrats un espace suffisant, ils attendaient ces invités de première catégorie qui n’avaient pas besoin d’arriver d’avance, puisqu’ils étaient titulaires, comme à une première représentation, de places gardées.
On était tout surpris que M. de la Marnière eût ainsi réglé les choses, car on l’avait souvent entendu s’élever avec indignation contre la transformation en théâtre de l’enceinte de la justice, et dans les affaires qu’il avait précédemment présidées, il n’avait accordé d’entrées de faveur à l’audience qu’aux personnes qu’un intérêt avouable y appelait.
Pourquoi ce changement dans la façon de faire de l’éminent conseiller ? Ne pouvant s’en rendre compte, bon nombre de gens de son milieu l’en blâmaient.
N’offrent-ils pas, en effet, le plus écœurant des spectacles, ces curieux qui viennent à la cour d’assises comme ils vont chez les dompteurs, es-