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porte votre mandat d’arrêt : prévenu de complicité d’empoisonnement sur la personne de M. Raymond Deblain. Vous ne croyez pas plus à ma culpabilité qu’à celle de Mme Deblain.

— Je n’ai pas à tenir conversation avec vous, mais seulement à vous interroger. Quels sont vos nom, prénoms, âge, profession et domicile ?

— Raoul-Félix Barthey, trente-quatre ans, artiste peintre, ancien sous-officier au 102e de marche, demeurant à Paris, 46, rue d’Offémont.

— Quelle est cette décoration que vous portez ?

— C’est une décoration qu’on ne gagne que sur le champ de bataille, en risquant sa vie pour son pays. C’est celle que quelques-uns de vos collègues s’honorent d’avoir vaillamment conquise, lorsque, dépouillant leur robe, ils sont devenus soldats.

M. Babou, qui, lui, n’était entré dans la magistrature que pour échapper à l’impôt du sang, ne put s’empêcher de rougir.

— Quels sont vos moyens d’existence ? reprit-il d’un ton haineux.

— J’ai vingt mille livres de rente et j’en gagne le double tous les ans.

— En faisant de la peinture ?

— Parfaitement !

— Vous êtes prévenu d’avoir fourni à Mme Deblain le poison dont elle s’est servie contre son mari.

— Pauvre femme ! Elle, une empoisonneuse !