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vait éteindre du dehors, tout se révolta en elle : ses instincts de femme élégante, son orgueil, sa terreur de l’isolement !

Elle ne put retenir un cri de dégoût autant que d’épouvante.

À ce cri, sœur Sainte-Anne, qui veillait dans le couloir, ouvrit le guichet de la porte et lui demanda si elle avait besoin de quoi que ce fût ; mais Mme Deblain, faisant un nouvel appel à son énergie, lui répondit non, et elle s’étendit tout habillée sur le lit sordide, pour étouffer ses sanglots.

Elle était là depuis déjà plus d’une heure, s’efforçant de mettre un peu d’ordre dans ses idées, se demandant pourquoi elle était prisonnière, car elle ne pouvait supposer qu’elle fût soupçonnée d’avoir commis un crime. Son exclamation : « Est-ce qu’on croit que c’est moi qui ai empoisonné M. Deblain ! » lorsque le commissaire de police s’était présenté devant elle à la Malle, n’avait été qu’un cri d’indignation. Elle ignorait que, sur le mandat d’arrêt exécuté contre elle, figurait, conformément à la loi, l’énonciation des motifs de son arrestation : elle ne l’avait pas lu.

Elle était donc là, disons-nous, ne se rendant compte que vaguement de sa situation, sentant, en quelque sorte, la raison lui échapper, la tête enfoncée dans ses bras croisés, lorsqu’elle sentit qu’on lui touchait légèrement l’épaule, pendant qu’une douce voix lui disait :