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dant mistress Wanwright lui avait en vain conseillé d’agir autrement.

En apprenant par l’excellente femme que le cœur de sa fille adoptive lui appartenait tout entier, William avait pâli et s’était écrié :

— Non, je n’oserai jamais lui révéler l’horrible secret qui nous sépare. Peut-être me maudirait-elle ! Le mieux est de me taire, lors même que je devrais souffrir cent fois plus encore. Elle est jeune, belle, bien élevée, et riche, puisque je le suis ; détournez-la de moi ; elle aimera un jour ; ce jour-là, elle sera heureuse ; je disparaîtrai, et ma faute sera expiée.

Quant à miss Jane, qui ne savait rien des tourments intimes de son ami, elle mettait ses variations de caractère ainsi que ses accès de taciturnité sur le compte de ses travaux et de ses recherches, dont elle ignorait le but, et elle l’aimait davantage de jour en jour, sans s’interroger, dans sa naïveté, sur la nature de cette affection.

Ce dont elle était certaine, c’est qu’elle n’aurait pu en ressentir aucune autre. William Witson était tout pour elle. Elle se souvenait bien qu’elle n’avait pas toujours vécu auprès de lui elle se rappelait vaguement une époque lointaine où, tout à coup, elle s’était trouvée seule, séparée brusquement d’une jeune femme, sa mère sans doute, qui s’était éloignée en pleurant, après l’avoir couverte de baisers.