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de reconnaissance, Claude soulevait coquettement le ruban bleu qui entourait son cou et montrait de son doigt mignon la petite raie blanche, presque imperceptible, qu’elle portait au pharynx, marque indélébile de l’opération qu’elle avait subie autrefois.

Paul ne put s’empêcher de sourire et quand, le soir, il retourna avec Geneviève à Paris, il la remercia chaleureusement des bonnes heures qu’elle venait de lui faire passer ; puis il ajouta :

— Je n’ai jamais rencontré jeune fille plus séduisante que la vôtre ; je lui souhaite tout le bonheur dont elle est digne.

— Oh ! elle sera heureuse, répondit avec une étrange fermeté l’ancienne maîtresse de Berquelier, c’est le but unique de ma vie ! Rien ne me coûtera pour l’atteindre ! Si je suis devenue riche, c’est pour elle. Je lui donnerai cinq millions de dot. Croyez-vous qu’avec cela et sa beauté je ne lui trouverai pas aisément un mari et un titre de comtesse ? Je veux qu’elle brille dans le monde, où, moi, je n’ai jamais pénétré !

Bien qu’avec le bon sens qu’il avait conservé pour tout ce qui touchait aux affaires des autres, il désapprouvât cette ambition malsaine, ces paroles de Mme Frémerol n’en étaient pas moins restées dans la mémoire de Guerrard, et nous avons vu qu’il s’en était souvenu fidèlement, cette nuit où Robert, complètement ruiné, lui avait paru décidé à redorer son blason par un riche mariage, sans se montrer trop scrupuleux sur la source de la fortune de celle dont il ferait une duchesse.