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apprit, par les journaux, la mort d’Adolphe Berquelier.

Le grand entrepreneur avait été frappé d’une attaque d’apoplexie. On ajoutait que, par un testament bien en règle, il avait laissé une fortune énorme à sa maîtresse, qui avait toujours refusé de devenir sa femme légitime, refus que personne n’avait jamais pu s’expliquer, car Berquelier était un honnête homme, généralement estimé, et Geneviève ne passait pas pour avoir une de ces liaisons secrètes qui s’opposent à ce qu’une femme enchaîne complètement sa liberté.

Paul ne pouvait se dispenser en cette occasion de donner une preuve de sympathie à Mme Frémerol. Il lui écrivit quelques lignes, elle y répondit en lui reprochant amicalement de ne plus venir la voir, et alors il retourna un peu rue de Prony, d’où elle l’emmena un jour à Verneuil.

Elle voulait lui faire admirer Claude, qui allait atteindre sa dix-septième année, mais demeurait encore au couvent.

L’enfant qu’Alexandre Guerrard avait sauvée était devenue une adorable jeune fille, d’une beauté sévère, d’une distinction parfaite, d’un caractère doux et charmant. Elle avait si peu oublié celui qui l’avait soignée jadis qu’elle le reconnut tout de suite, et sans attendre même que sa mère l’eût nommée, elle lui dit, en prenant ses deux mains entre les siennes :

– Oh ! j’ai bonne mémoire, docteur, j’ai souvent prié pour votre père et pour vous et d’ailleurs, comment ne me souviendrais-je pas, lors même que mon cœur serait ingrat ? Je n’ai besoin que de me mettre devant une glace pour penser à vous. Tenez, voyez !

En s’exprimant ainsi, avec un accent indéfinissable