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ambition et ma tendresse. Elle sera riche, très riche, car je lui donnerai toute ma fortune et disparaîtrai s’il le faut pour son bonheur. Si on la savait ma fille, qui voudrait d’elle ? Ce nom de Frémerol n’est même pas à moi. Je l’ai pris un jour et l’ai gardé. Conservez-moi donc ce secret pour l’amour de Claude, que vous avez arrachée à la mort.

Ces confidences prouvaient évidemment que Geneviève adorait sa fille, mais elles trahissaient en même temps cet orgueil malsain qui conduit certaines femmes à rêver pour leurs enfants une situation trop brillante, pleine de périls.

Paul ne promit pas moins toute la discrétion qu’on lui demandait, et jamais plus tard, lorsqu’il se rendit aux invitations de Mme Frémerol, il ne fit aucune allusion au séjour qu’il avait fait chez elle à Mantes.

Il attendait d’être seul avec elle pour lui demander des nouvelles de Claude, qui devenait une ravissante jeune personne et restait confiée aux dames de la Visitation, sauf quand sa mère l’emmenait aux eaux, sur quelque petite plage bien déserte de la Bretagne, ou dans quelque station peu fréquentée des Pyrénées, là où elle était assurée de ne rencontrer aucun de ses amis parisiens.

Pendant ces cinq ou six semaines de villégiature, Geneviève était tout entière à sa fille. M. Berquelier, que l’enfant connaissait à peine de nom et de vue, n’accompagnait jamais sa maîtresse. En ces circonstances exceptionnelles qui se représentaient tous les ans, la mère était irréprochable.

Mais il en était autrement dès que Claude était rentrée à son couvent et Geneviève dans le luxueux hôtel