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fut moins absorbé par ses préoccupations professionnelles, quand surtout il l’eut étudiée d’un peu près, il comprit qu’elle ne se transformait qu’à Verneuil en femme modeste et simple.

Geneviève, d’ailleurs, ne cherchait pas à le tromper ; elle se sentait avec le fils bien plus à l’aise qu’avec le père et, lorsque, toute une semaine s’étant écoulée et Claude pouvant se passer de la présence constante de son médecin, celui-ci annonça son départ, elle lui dit avec un abandon touchant :

— Vous reviendrez encore ici, n’est-ce pas ? et de plus, nous nous reverrons à Paris, j’y compte bien. Oh ! ma maison n’est pas de celles où un homme sérieux ne peut entrer. Vous me feriez grande peine en me refusant d’en franchir le seuil. Vous n’y trouverez jamais que compagnie digne de vous. Je vous prierai seulement de ne vous rappeler qu’avec moi seule qu’il existe à Verneuil une enfant dont vous avez sauvé la vie.

— Vous me permettrez bien aussi de me souvenir, madame, interrompit le docteur, que vous êtes la plus admirable des mères et la plus charmante des femmes.

— Oui, certes, puisque vous le pensez ainsi, mais n’oubliez pas que, sauf deux ou trois vieux amis, personne ne sait que j’ai une fille, et j’espère que ma fille ne connaîtra jamais rien de nature à me faire perdre son affection. Comment m’y prendrai-je ? je l’ignore, mais je suis prête à tous les sacrifices. Le nom qu’elle porte est mon nom de famille à moi, nom inconnu de tous. On me croit sa marraine, mais si, pour son cœur, ces deux mots marraine et maman ont la même acception, il n’en est pas moins vrai que, grâce à ce mensonge, je pourrai la marier un jour selon mon