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le front de la chère aimée dont la tête reposait sur sa poitrine.

Paul Guerrard fit appeler son père.

Cinq minutes après, celui-ci arriva et comprit aussitôt ce qui se passait.

Il fit un signe à son fils et dit à Mme Frémerol :

— Nous n’avons pas un instant à perdre, retirez-vous, je vous prie ; laissez-nous seuls avec votre femme de chambre.

— Oh ! je vous en conjure, permettez-moi de rester, supplia l’infortunée. J’aurai du courage ; je ne tremblerai pas, je ne dirai rien. Ma Claude adorée, si elle allait mourir ! Est-ce que je ne dois pas être là ! Tenez, voyez, je suis calme. Que faut-il faire ?

— Eh bien soit, restez, fit le vieillard mais hâtons-nous !

Et, se faisant aider par la domestique, il roula le petit lit jusqu’à la fenêtre.

On était au mois de mai, les oiseaux chantaient dans le jardin, le soleil venait de se lever, et ses rayons joyeux, en inondant la pièce, faisaient un contraste saisissant avec la douleur de ceux qui entouraient celle dont le printemps était peut-être à sa dernière heure.

Paul avait déjà tout préparé. Son père se plaça à droite de la malade. Avec le pouce et l’index de la main gauche il fixa son larynx et, de la droite, à l’aide d’un bistouri, il y fit, d’un seul coup, une incision verticale sur la ligne médiane, entre les deux muscles sterno-clido-mastoïdiens.

Le sang jaillit, mais en petite quantité ; l’opération n’avait lésé aucun vaisseau. La chère patiente poussa