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dans ce qu’il appelait avec emphase « les délices de la moderne Babylone. »

Mais la jeune fille ne se laissait pas convaincre ; les deux fiancés s’écrivaient très fréquemment, et lorsque Jean venait à Reims, ce qu’il faisait presque tous les mois, il retrouvait sa future prête à tenir sa promesse.

Alors il repartait, affirmant que bientôt il serait riche, et Rose poursuivait son existence indépendante, se souciant aussi peu du blême et facétieux clerc d’huissier que des déclarations dont la poursuivaient tous ses autres amoureux, pour le bon ou pour le mauvais motif.

Le seul de ces tentateurs qu’elle écoutât avec un certain plaisir, bien qu’elle ne lui accordât rien de plus qu’à qui que ce fût, était Albert Rommier, un brillant cavalier de vingt-cinq à vingt-six ans, fils d’un des grands industriels de la ville.

Riche d’une fort belle fortune que lui avait laissée sa mère, Albert avait hâte d’aller en jouir à Paris et ne cessait de répéter à la jolie habituée du bal Besnard :

— Le jour qu’il vous conviendra, quand vous en aurez assez de votre atelier et de votre Jean Mourel, qui ne vous épousera pas, heureusement pour vous, nous partirons tous les deux, et je vous jure que vous n’en éprouverez aucun regret. Est-ce qu’une ravissante créature comme vous est faite pour végéter en province et devenir la femme d’un petit ouvrier graveur.

La belle enfant, sans se fâcher, repoussait nettement toutes ces propositions, qui avaient du moins le mé-