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Si les quintes de toux étaient plus espacées, elles étaient aussi plus douloureuses. Claude avait toute son intelligence, mais c’était en sifflant qu’elle bégayait : marraine, marraine, à sa mère, qui s’efforçait d’étouffer ses sanglots et d’arrêter ses pleurs. Par moments, elle rejetait sa tête en arrière et portait ses petites mains à sa gorge, comme pour en arracher quelque chose qui l’étouffait.

Lorsque le jeune docteur l’eût examinée à son tour, il fut entièrement de l’avis de son père : Si nulle amélioration ne se manifestait dans le courant de la nuit, il y aurait à craindre que les fausses membranes n’enveloppassent complètement les voies respiratoires et ne causassent l’asphyxie.

Aussi décidèrent-ils que l’un d’eux veillerait afin de ne pas risquer de s’y prendre trop tard si l’opération devenait indispensable.

Mme Frémerol, qui ne pouvait plus douter du danger que courait sa fille, refusa de s’en éloigner, et quand Alexandre Guerrard se fut rendu dans la chambre qu’on lui avait préparée, elle s’installa auprès du lit de son enfant, pendant que Paul lisait, étendu dans un fauteuil.

La nuit s’écoula ainsi et le jour commençait à poindre, lorsque Claude fut prise d’un accès de toux des plus violents, qui provoqua chez elle une sorte de suffocation.

Le visage congestionné, les yeux hagards, la bouche entr’ouverte, la pauvre petite semblait près de retourner à Dieu.

Geneviève ne prononçait pas une parole ; l’angoisse paralysait sa voix ; ses larmes coulaient brûlantes sur