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encore, et sa haute stature, ainsi que ses larges épaules témoignaient d’une vigueur et d’une santé parfaites que le travail n’avait pu ébranler.

Sa physionomie tout entière inspirait la confiance et la sympathie. On s’expliquait aisément la réputation dont il jouissait.

Il était, en effet, un des maîtres de la Faculté, cela surtout depuis une épidémie de diphtérie pendant laquelle, cent fois, il avait failli rester sur le champ de bataille. Fait chevalier de la Légion d’honneur en récompense de son courage, il s’était depuis cette époque voué spécialement aux enfants.

Il lui semblait, disait-il, qu’en arrachant à la mort un petit être que le croup étranglait, il sauvait en même temps deux existences. Le nombre des mères qui le bénissaient était incalculable, et il ne songeait qu’à l’augmenter chaque jour.

Il n’avait donc pas hésité lorsque Adolphe Berquelier était venu lui dire qu’une fillette se mourait ; et il allait au devant du danger, calme, mû par le seul sentiment du devoir, comme le soldat qui marche à l’ennemi.

Les deux voyageurs échangèrent à peine quelques mots pendant l’heure que mit le train à atteindre Mantes, où ils trouvèrent, en sortant de la gare, un coupé qui les attendait.

Dix minutes plus tard, après avoir franchi une grille et traversé un jardin, la voiture s’arrêtait devant un perron, où venait d’accourir une toute jeune femme, remarquablement belle, mais dont les traits exprimaient une profonde angoisse.

Guerrard avait, hélas ! une longue expérience des