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du matin. Toutefois sa physionomie exprimait peut-être plus l’orgueil que la douceur ; ses sourcils épais, rapprochés, plus foncés que ses cheveux, trahissaient son tempérament résolu ; et son sourire, par le pli qu’il formait à la commissure de ses lèvres, semblait celui de quelqu’un dont les déceptions avaient été douloureuses et fréquentes.

Néanmoins, en s’adressant à celui qu’elle appelait toujours docteur, ignorant sans doute qu’il n’exerçait plus, elle était tout à fait sincère et cordiale.

Nous allons voir, en remontant dans le passé de cette femme, qu’elle ne pouvait en effet avoir oublié comment Paul Guerrard était entré un jour dans l’intimité de sa vie.

C’était une dizaine d’années auparavant, chez le docteur Alexandre Guerrard, alors que son fils était son auxiliaire et promettait de devenir son digne successeur.

Bien qu’il fût à peine huit heures du matin, l’éminent praticien était déjà prêt à sortir pour se rendre auprès de ses malades, lorsque son domestique lui apporta la carte d’une personne qui insistait pour être reçue tout de suite.

Cette carte était celle d’un des grands faiseurs d’affaires de l’époque, Adolphe Berquelier. On le savait mêlé à toutes ces colossales opérations sur les terrains auxquelles donnèrent naissance le percement des nouvelles voies de Paris sous l’administration du baron Haussmann. Il avait déjà réalisé une fortune considérable.

C’était un homme parti de rien, mais actif, intelligent et hardi. Alexandre Guerrard le connaissait de