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Et il sonna.

On ouvrit aussitôt ; l’ami de M. de Blangy-Portal traversa une grande cour au fond de laquelle s’élevait un élégant hôtel et il en gravit le perron, pour remettre sa carte au valet de pied qui s’était avancé au son de la cloche du concierge.

Le nom de Guerrard était évidemment connu du domestique, car cet homme l’introduisit aussitôt dans un grand salon, au rez-de-chaussée, en lui disant :

— Que monsieur veuille bien prendre la peine d’attendre, je vais prévenir madame.

Demeuré seul, le jeune homme se sentit sans doute assailli tout à coup par quelques pensées graves et toutes nouvelles, car sa physionomie, si insouciante d’ordinaire, s’assombrit peu à peu, et bientôt il se mit à hocher la tête, comme s’il regrettait sa présence dans cette maison, où il était cependant venu sans hésiter.

La pièce où il se trouvait était une sorte de galerie luxueusement meublée : les murs, tendus de satin rouge, y disparaissaient sous des tableaux des meilleurs maîtres de l’époque. Il y avait là des toiles célèbres, qui ne témoignaient pas moins du goût de celui qui les avait réunies que les autres objets d’art, disposés avec intelligence sur des consoles de marbre et sur des chevalets drapés de riches étoffes.

Mais Paul semblait se soucier fort peu de toutes ces merveilles ; il allait et venait d’un pas de plus en plus fébrile, et plusieurs fois déjà il s’était approché de la porte par où il était entré, comme s’il fût tenté de se retirer avant l’arrivée de celle à qui on était allé l’annoncer, lorsqu’il vit paraître, par une des issues