cria Paul, en lançant au plafond la fumée de son cigare.
— Seulement, reprit Blumer.
-Aïe ! gare à la petite tare, fit Guerrard.
— Seulement la jeune fille n’a jamais connu sa mère, et son père, un Américain, a eu avec la justice de son pays quelques démêlés qui l’ont forcé à s’expatrier après la guerre de sécession.
— En emportant la caisse ?
— Dame ! c’est bien possible, docteur, puisqu’il donne à sa fille quatre millions de dot.
— Je vois ça d’ici : un bon Yankee ayant fourni à ses compatriotes des fusils sans cartouches, des souliers en carton et des vivres avariés. Et on a eu, là-bas, la faiblesse de poursuivre et de condamner ce pauvre homme Je connais dix fournisseurs de ce genre-là qui sont aujourd’hui de gros personnages et décorés. Autre temps, autre pays, autres mœurs ! Continuez, mon bon Isaïe.
-Enfin, et c’est la dernière : Jeune fille atteinte d’une petite claudication.
— Comme La Vallière, observa Guerrard.
— Bégayant un peu…
— Comme Démosthène.
— Affectée d’un léger strabisme.
– Bah ! Vénus louchait bien… d’après Homère.
— Trois millions de dot.
— Ça fait un par difformité.
— Orpheline, n’ayant d’autres parents qu’un vieil oncle, ancien marchand de grains retiré des affaires et qui laissera à sa nièce, fort bien élevée d’ailleurs, toute sa fortune, un million à peu près.