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— Deux millions cinq cent mille francs. Veuve, trente ans, épouserait un homme titré, sans fortune.

– Oh ! une veuve, passons ! Trente ans, ça veut dire la quarantaine. Et rien de la beauté ; c’est qu’elle est affreuse

— Jeune fille majeure, fort belle, vingt-cinq ans, Russe, libre de disposer de sa fortune. Cinq millions liquides en fonds d’État.

— Eh ! eh ! voilà qui est intéressant !

— Il y a un mais.

— Ah ! diable Quel est ce mais ?

— Un fils que le mari s’engagerait à reconnaître en épousant la mère.

— Encore faudrait-il savoir l’âge de ce fils, car s’il a plus de cinq ans, comme il n’y a pas davantage que je suis veuf, sa reconnaissance serait impossible pour moi, puisque ce serait un enfant adultérin.

— C’est vrai ! Je n’avais pas pensé à cet obstacle. C’est dommage, car j’ai vu le portrait de Mlle Sobroiska ; elle est charmante. Voulez-vous que je m’informe ?

— Oui, cela ne nous engage à rien, bien que l’existence d’un héritier naturel rogne singulièrement la dot. Ah ! voici M. Guerrard.

La porte du fumoir venait de s’ouvrir pour livrer passage à Paul. Il savait par Germain avec qui le duc était en conférence.

— Suis-je de trop ? demanda-t-il en esquissant un mouvement de retraite.

— Pas le moins du monde, répondit Robert. Entre M. Blumer et moi, il n’y a pas de secrets pour vous.

M. de Blangy-Portal et son ami ne se tutoyaient que dans l’intimité ou dans leur monde de viveurs.